top of page
S-153.4.jpg

Cabaret Égyptienne

Le Déjeuner égyptien offert par l’impératrice Marie-Louise 

à la duchesse de Montebello

 

Cet exceptionnel déjeuner Egyptien se compose d’une théière Egyptienne, un pot à sucre Egyptien, un pot à lait Etrusque, une jatte à fruit Etrusque, et de six tasses litron et leurs soucoupes. 

Manufacture impériale, Sèvres

Porcelaine dure, émaux et or

Vers 1810-1812 

 

Marques

Marque à la vignette en rouge de fer « M. Imp.le / de Sevres / 10 »

 

Provenance

Offert à l’occasion du Nouvel An 1813 par l’Empereur à la duchesse de Montebello, veuve du Maréchal de France Jean Lannes.

Collection privée, France.  

Twinight collection, New York. 

Musée Napoléon Ier, château de Fontainebleau

 

 

 

 

Le « déjeuner vues d’Egypte coloriées à fond beau bleu » comprend six tasses litron et leur soucoupe, un pot à sucre, un pot à lait, une théière et un bol. 

Sa fabrication lancée dès 1810 dura deux ans et l’ensemble fut livré à la duchesse de Montebello le 28 décembre 1812 : « Déjeuner vues d’Egypte coloriées à fond Beau Bleu », au prix de 2030 francs (ill. 1). 

Les modèles des décors de paysage, d’hiéroglyphes et de certaines formes de ce déjeuner sont inspirés des planches gravées du recueil Voyage dans la Basse et la Haute Egypte de Dominique Vivant Denon, membre de l’expédition scientifique liée à la campagne d’Egypte.  

La théière représente sur une face une Vue des Temples de l’isle de Philae et sur l’autre face une Vue du Temple de Thèbes. Micaud peint le décor en frise égyptienne sur fond bleu ; Constant réalise l’écriture de deux vues d’Egypte et Boitel le « décor en or en relief sur le fond or » pour l’anse et pour le bec verseur en tête de cobra. 

La jatte égyptienne, dont la forme est un modèle créé par Dominique Vivant Denon en 1802 (ill. 2), est ornée sur une face du Jardin de l’Institut du Caire et sur l’autre de l’Arbre auquel on fait des offrandes.  Le pot  à lait étrusque à « bec uni » représente la Vue d’un temple d’Hermontis. Lebel en exécuta une première ébauche complétée ensuite par Caron et Buteux et Micaud réalisa le décor des frises de hiéroglyphes. 

Le pot à sucre égyptien est orné sur une face d’une Vue d’Edfou du sud au nord et sur l’autre face d’une Vue d’Edfou du nord au sud principalement peintes là aussi par Lebel ; Caron et Buteux participèrent à l’élaboration du décor ornemental. 

Les tasses litrons sont ornées chacune sur la tasse d’une vue d’Egypte et sur la soucoupe d’une tête d’Egyptien. Le décor fut probablement peint en grande partie par Lebel et Caron tandis que Micaud réalisa la frise d’hiéroglyphes. 

D’un point de vue formel, ce déjeuner combine modernité et tradition : les modèles « égyptiens » résolument modernes et rares, notamment le pot à sucre et la jatte égyptienne, qui n’excluent pas des formes plus classiques telles que les tasses litrons. Ces dernières se prêtaient très bien au décor de vues présentées en cartel, à la façon des vues panoramique. La surface plus large de la soucoupe permettait de peindre un portrait en buste détaillé. 

 

LA DUCHESSE DE MONTEBELLO (1782-1856) 

Veuve de Jean Lannes (1769-1809), maréchal de l’Empire et duc de Montebello, la duchesse de Montebello reçut ce somptueux présent de la part de l’Empereur en remerciement du dévouement de son défunt époux qui s’était particulièrement illustré lors des différentes campagnes de Napoléon, notamment celle d’Egypte, comme l’un des principaux compagnons d’armes de Napoléon et même comme ami. À la mort du Maréchal en 1809, l’Empereur et l’Impératrice prirent soin de la duchesse de Montebello, avant de la nommer première dame d’honneur de l’Impératrice Marie-Louise. 

 

LES SEPT « CABARETS ÉGYPTIENS »

Ce cabaret est le cinquième exemplaire réalisé, d’un groupe de sept cabarets tous dits « Cabaret Égyptien », à Sèvres. 

Le premier cabaret égyptien, offert à Alexandre Ier de Russie en 1808, est aujourd’hui conservé complet au musée de la Céramique de Kouskovo en Moscovie. Il comprend douze tasses à café Jasmin Denon, douze tasses à thé étrusques Denon et un sucrier égyptien « en vase » (ou à forme amphore), un bol égyptien, une théière Denon, un pot à crème trilobé,  grandes pièces ornées de cartels en grisaille.

Le second, conservé aujourd’hui au musée de Malmaison, fut offert par l’Empereur à Joséphine le 29 décembre 1808 à l’occasion des Etrennes de 1809. Il est composé de douze tasses à soucoupe, un pot à lait à bec allongé, un sucrier égyptien « en vase », un pot à sucre cannelé, une théière étrusque Denon, un pot à crème, un bol (ou jatte) égyptien ; le décor est en sépia sur fond bleu.

Le troisième de 1810, aussi pour Joséphine, livré le 31 octobre 1811 est aujourd’hui conservé en partie à la fondation Napoléon. Il comportait à l’origine dix-huit tasses à thé et soucoupes de forme étrusque Denon, un sucrier égyptien trépied, un pot à sucre étrusque cannelé, une théière étrusque Denon, un bol ou jatte égyptienne, un pot à crème tréflé et un pot à lait étrusque à bec ; seule la théière et la moitié des tasses et des soucoupes ont été retrouvées à ce jour. Le fond bleu orné de hiéroglyphes or et de cartels en grisaille représentant des vues d’Egypte, d’après les gravures de l’ouvrage de Vivant Denon, Voyage dans la Basse et la Haute Egypte, paru en 1802.

Le quatrième fut livré au Palais des Tuileries la veille du mariage de Napoléon et Marie-Louise en 1810, racheté incomplet par le Louvre (une partie des tasses se trouve en collection privée). Il comprend 24 tasses litrons de 1ère grandeur, un pot à crème à bec trilobé, deux pots à sucre Pestum, un pot à lait à bec allongé, un pot à anses étrusque. Chaque tasse a reçu un même cartel d’une seule vue panoramique en couleur.

Le cinquième fut offert par Napoléon en cadeau d’étrennes du Jour de l’An 1813 à la duchesse de Montebello, dame d’honneur de Marie-Louise. 

Le sixième alla à la duchesse de Bassano au Jour de l’An 1814 ; sa localisation actuelle est inconnue. Il est composé de six tasses  godronnées et quatre grandes pièces de forme.

Le septième fut destiné à la comtesse de Luçay pour les étrennes du Jour de l’An 1814 ; il comprend quatre tasses coniques à anses relevées, un pot à sucre à anses étrusque, une théière étrusque Denon, un pot à lait étrusque et un plateau.

Tous les services comportent un nombre variable de tasses à soucoupes et de pièces propres à consommation du thé : théière, pot à lait, sucrier. Seul le « cabaret Luçay » comprend un plateau ovale, alors que le pot à crème récurrent dans les autres cabarets y est absent.

Les services de Joséphine de 1811 et du mariage impérial du musée du Louvre, comprenant respectivement dix-huit et vingt-quatre tasses, sont les plus fournis. Celui de la comtesse de Luçay est d’une composition plus restreinte (trois grandes pièces et quatre tasses). 

bottom of page