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COUPE À BOUILLON HÉMISPHÉRIQUE, MOSAÏQUE ET POISSONS

 

SÈVRES, France 

Manufacture Impériale de Porcelaine

Porcelaine dure

Circa 1813-1814

Diamètre coupe : 14,5 cm ; diamètre présentoir : 23,5 cm

Marque à la vignette en rouge de fer de la manufacture impériale de Sèvres

Marque incisée « qz » pour 1814


Provenance

Probablement Jérôme Bonaparte (1784-1860), Roi de Westphalie, entre 1807 et 1813 ;

Diane duchesse de Wurtemberg, née Princesse d’Orléans (1940-).

 

 

Cette coupe « à bouillon hémisphérique » est munie de deux anses et peinte d’un riche décor polychrome sur le bandeau supérieur de réserves rectangulaires ornées de poissons peints à l’imitation de mosaïques sur fond vert et alternées de croisillons et sur le bandeau inférieur de rosaces sur un fond marbré ocre. Le présentoir présente en son centre un décor de coquillages et corail dans une réserve cernée de perles, l’aile est ornée de poissons sur fond vert dans des réserves alternées de croisillons.

Cette pièce est un superbe témoignage des créations sévriennes sous l’Empire. Dès 1800, le nouveau directeur Alexandre Brongniart (1770-1847) renouvelle les répertoires formel et ornemental de la production de Sèvres.

Étude de la forme 

Sous l’Empire, Brongniart privilégie de nouvelles formes d’inspiration antique, plus élancées, notamment en s’inspirant de la collection de céramiques étrusques du baron Dominique Vivant Denon (1747-1825) vendue à la manufacture de Sèvres en 1786. La forme néoclassique de cette coupe à bouillon en est un témoignage.  

Un premier dessin de cette forme de coupe, probablement par Claude-Charles Gérard en 1803, porte l’inscription « Coupe à bouillon et sa soucoupe à deux anses à moulures an XI mois ventôse » (février-mars 1803). Le nom définitif de « coupe à bouillon hémisphérique » n’apparait qu’en 1804, sur un dessin de Charles-Eloi Asselin (Sèvres, Cité de la Céramique, inv. 2011.3.2105).

Étude du décor 

Les perfectionnements techniques réalisés sous le Premier Empire permettent de créer des décors peints et dorés d’une qualité inouïe et inégalée. De nouveaux répertoires décoratifs basés sur les productions de la nature sont développés, preuve de l’intérêt de la manufacture de Sèvres pour l’histoire naturelle au début du XIXe siècle : pierres dures, pierres précieuses, marbres, faune, flore, etc., parfois associés à des décors de mosaïque comme sur cette coupe hémisphérique à bouillon.  

À l’instar des manufactures royales de Vienne et Berlin, Sèvres va explorer les partis décoratifs associant les effets basés sur l’art du trompe-l’œil, mêlant différents fonds de couleurs et effets de matière.

Ce goût influencé par l’Italie contraste avec les décors figurés peints dans un style officiel plus ‘militaire’.

 

Un cabaret orné d’un décor similaire, aujourd’hui conservé au Cooper Hewitt Museum, fut offert à la comtesse de Montesquiou en présent du Nouvel An 1813.

Somptueux présents 

Ce genre de coupe très richement décorée était l’objet de présents de Nouvel An de la part de la maison de l’Empereur. En témoigne une coupe « à bouillon hémisphérique » décorée d’une course hippique au champ de Mars offerte en présent du Nouvel An 1812 à la comtesse de Montalivet, dame d’honneur de l’impératrice Marie-Louise et aujourd’hui conservée au musée Napoléon Ier, château de Fontainebleau.

Le 12 mai 1814, deux coupes hémisphériques à bouillon, à décor dit « en imitation de mosaïque » sont inscrites sur le registre d’entrée en magasin de vente de la manufacture : une « coupe hémisphérique et assiette, décor en imitation de mosaïque » et une « coupe hémisphérique à bouillon, décor en imitation de mosaïque ».  Hélas il n’est pas aisé de retrouver précisément notre modèle. En revanche, dans le registre des ventes de 1815 dans l’État des porcelaines relatives à la famille de Bonaparte livrées d’après les ordres de M. le Commissaire Prussien Kapsh" sont mentionnées "deux Coupes à bouillon avec ornements en relief", certainement les mêmes coupes que celles entrées en mai 1814 en magasin de vente. 

Jérome Bonaparte, roi de Westphalie

Jérôme Bonaparte (1784-1860) est un prince français et altesse Impériale (1806 et 1852). Fils de Charles-Marie Bonaparte et de Maria-Létizia Ramolino, est le plus jeune frère de Napoléon. Il fut roi de Westphalie de 1807 à 1813.

En août 1807, son frère lui fait épouser la princesse Catherine de Wurtemberg, fille de Frédéric Ier de Wurtemberg, et six jours après, il est créé roi de Westphalie. Les diverses puissances reconnaissent ce nouveau monarque, qui reçoit en même temps du tsar Alexandre Ier de Russie la décoration de l’ordre de Saint-André de Russie.

Celui qu'on nomme « König Lustig » établit sa résidence à Cassel, introduit dans son royaume les institutions françaises et abolit de nombreux abus. Il commence à y joindre l’entente des affaires publiques, lorsque les événements politiques viennent rendre le prince à la vie privée. État-modèle, le royaume de Westphalie devait servir de référence aux autres territoires allemands, ayant reçu la première constitution et abrité le premier parlement en pays germanique. Jérôme importe de Paris le style Empire au langage conforme aux nouvelles visées politiques et la ville de Cassel connaît un essor culturel sans pareil.

 

La princesse Diane de France, Duchesse de Wurtemberg

La princesse Diane de France, née Diane d’Orléans (1940-), et duchesse de Wurtemberg est mariée à Charles Marie duc de Wurtemberg, actuel chef de la maison des Wurtemberg. Il appartient à la cinquième branche de la Maison de Wurtemberg, descendant d’Alexandre de Wurtemberg (1771-1833), frère de Frédéric Ier de Wurtemberg père de Catherine, épouse de Jérôme Bonaparte.

Un joyau impérial en porcelaine

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